Avant le trait

Avant le trait, il y a la trace.
Quand on retire du trait toute intention, il reste la trace : un acte mécanique, témoignant du passage d’un être ou d’un objet. La série « l’épuisement de l’outil » pousse le dessin vers une forme de nudité.


Dessiner se réduit ici à une oscillation, à la limite de l’absurde. User un outil sur une feuille de papier de verre jusqu’à ce qu’il disparaisse et recouvre la surface de traces. Ce dénuement du geste permet une mise à distance de toute intention : l’acte n’est pas soumis à un but ou à une idée de beauté. Un espace de réserve apparait, comme un grand silence. Le dessin devient un acte de passage, un temps né de l’infra-mince.

La surface abrasive du papier de verre, consume la matière de l’outil, (charbon de bois, plâtre ou paraffine), et se charge d’un dépôt de particules.
Le support garde l’empreinte du ponçage, la mémoire du mouvement.
Le dessin prend ici une dimension performative : un phénomène oscillatoire, réalisé dans un seul et même bloc de temps, comme une mesure du temps et de l’espace.

Une fois terminé, le dessin apparait comme un tissage fait de traces, un jeu sur les variations et les nuances qui interpelle le regard et capture la lumière. En s’approchant du presque rien et de l’absence, le dessin devient un suaire et établit un rapport à l’invisible.


Crayon sur papier de verre : 200 x 150 cm

Encre et paraffine sur papier de verre : 25 x 20 cm

Charbon de bois et acrylique sur papier de verre : 150 x 150 cm